Sébastien Roulier
Sébastien Roulier
Du cœur et des jambes
Les records, le pédiatre et ultra-marathonien Sébastien Roulier ne les compte plus. Mais le palmarès est impressionnant. Parmi les 185 courses auxquelles il a participé, soulignons qu’il est devenu, en 2018, le coureur de marathon le plus rapide sur la planète à parcourir les 42,2 km en poussant en fauteuil roulant une personne vivant avec un handicap en un temps de 3h01:01. Une amélioration de plus de 30 minutes de la précédente marque du Record Guinness qui était de 3h35. À cela s’ajoutent aussi des records tout aussi impressionnants de distance parcourue ou de durée. Essoufflant.
Avant de pousser des fauteuils roulants, notre marathonien a fait des classes en poussant des chariots… Sébastien s’est entraîné avec sa progéniture. Père de trois enfants, il a participé à de nombreux événements en poussant l’un ou l’autre d’entre eux. Remportant au passage plusieurs victoires et en fracassant des records.
Route, sentiers, à obstacles, en duo, la polyvalence du coureur a de quoi étonner. Mais au-delà de ces performances hors du commun, c’est l’aventure humaine derrière tout cela qui fascine et émeut.
Au fil des années, Sébastien a couru avec de nombreuses personnes vivant avec un handicap. Ces personnes, il ne le connaissait pas avant de vivre cette aventure. Ce sont souvent elles-mêmes qui approchaient notre coureur au grand cœur.
« Marie-Michèle Fortin a 25 ans, elle est atteinte de paralysie cérébrale, elle a toute sa tête. Grande prématurée, on a su dès son plus jeune âge qu’elle ne marcherait pas. Confinée à son fauteuil, elle se considère tout de même comme une coureuse. Et elle a raison. La veille du Marathon de Montréal, édition 2018, elle s’est acheté une paire de chaussures de course toutes neuves. Elle arbore fièrement sa tenue de coureuse sur laquelle elle fixe son dossard. Elle court le marathon. Ce que je lui offre ce sont des jambes pour s’offrir l’expérience de participer à un marathon. »
Grâce à la générosité de Sébastien, des personnes vivant avec un lourd handicap comme Marie-Michèle ou Samuel Camirand, 28 ans, qui a reçu, à 8 ans, un diagnostic de la maladie dégénérative de l’ataxie de Friedreich, peuvent vivre une expérience hors du commun: la fébrilité d’un événement sportif. Pensez au départ, aux encouragements de la foule le long du parcours et évidemment le fil d’arrivée, encore une fois, sous les applaudissements des spectateurs… et bien sûr la médaille.
« En 2018, au Marathon de Montréal, Marie-Michèle et moi nous nous sommes qualifiés pour le Marathon de Boston, elle a pu vivre cette épreuve mythique avec les siens, c’est le rêve de bien des coureurs. Samuel aussi s’est qualifié l’année suivante, mais la COVID-19 s’en est mêlée. Ce n’est que partie remise ».
Une épreuve sportive confortablement assis dans un fauteuil, une promenade du dimanche ? Sébastien est catégorique. « C’est loin d’être de tout repos pour le passager. Ça peut être inconfortable à la longue, il faut se tenir bien droit. Bien s’agripper. Se stabiliser dans le fauteuil. Apprendre à se contrebalancer. Endurer les soubresauts, anticiper les virages en répartissant le poids sur le fauteuil. C’est une épreuve au même titre que la mienne. On ressent les mêmes choses, la vitesse, la résistance à l’air, le vent. Le lendemain d’une épreuve, nous sommes tous les deux courbaturés… mais fiers de notre accomplissement. »
Verrons-nous Sébastien au fil de départ du Marathon Beneva de Montréal en septembre ? « Assurément! C’est noté à mon calendrier. Je parcourrai les 42,2 km… en duo avec un passager ». Et qui est l’heureux ou l’heureuse élu.e ? « À ce jour, je l’ignore ».
SPRINT FINAL
Je cours avec ou sans musique ?
« Sans ».
Le mercure doit indiquer quelle température pour me décourager d’aller courir en hiver ?
« Le mercure m’importe peu, je cours à -40 °C sans problème, mais j’évite les journées de verglas ».
Après un bon entraînement ou une compétition, je me gâte, sans culpabilité avec quel plat ?
« Il y a quelque temps c’était le chocolat, mais désormais avec ma copine c’est une bonne bière ».
Il m’arrive de courir sur un treadmill ?
« À l’occasion, mais avec un exerciseur elliptique ».
L’événement de course auquel je souhaite participer ?
« La Diagonale des Fous (Le Grand Raid de l’île de La Réunion) ».
Un(e) coureur(euse) qui m’inspire.
« Kilian Jornet ».
Une lecture inspirante (en rapport ou non avec la course) ?
«Le Guerrier pacifique de Dan Millman.»
En un mot, quel type de coureur suis-je ?
« Polyvalent ».